A chacun ses rites, ses processions, ses carêmes,et ses jeûnes, ses Noel, ses Aid ,ses Yom Kippour, ses messes , ses ors et ses orgues, ses Vierges et ses saints, ses prières , ses prosternations, ses prêches , ses vendredis bourdonnants de sourats ,ses épaules enveloppées de châles du samedi , ses professions de foi.
L'enluminure d'un Coran ouvert sur un lutrin, dont la calligraphie s'élève ,volute après volute, psalmodie déroulant dans le silence ombreux de la salle de prières tapissée de haute laine, ses glissandos de voyelles emphatiques, ses claquements de dentales, la scansion de ses gitturales.
A vol d'oiseau de la Grande Mosquée, la lumière d'un vitrail tombe sur un missel bardé de cuir, d'où pend un signet de soie, dans le flux et le reflux d'un harmonium que balisent,extatiques, une Vierge , des saints agenouillés.
Une Thora nichée au coeur du tabernacle, à l'abri d'une arche , au fond de la synagogue, à deux pas du cinéma Le Vox, dont le coupeur de tickets n'était autre qu'Edmond, tu sais le fils de Madame Nedjar, notre voisine.
Ils portent leur religion sur la tête, feutres ou casques coloniaux, kippas, chéchias , fez , tarbouches dont les soies se balançaient sur l'épaule.Tous ces rituels, ces cérémonies , ces célébrations, se coudoyant pour se frayer un chemin vers le Dieu qu'ils se reconnaissent
Le Paradis des Femmes ,pages 28/29
Ali Bécheur
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