mercredi 2 décembre 2009

Les thés dansants

Mais ce temps -là était révolu. Depuis la fin de la guerre, elle en avait vu disparaître de ces endroits voués à la danse et aux rencontres de hasard! Moins de dix subsistaient. Pour combien de temps encore? Ces endroits auraient dû être préservés, déclarés d'utilité publique.

Ils étaient nécessaires aux riches comme aux pauvres,aux jeunes comme aux vieux ,aux hommes comme aux femmes ,à ceux qui n'en avaient pas assez, à ceux qui ne venaient que pour danser et à ceux qui ne venaient que pour draguer. Ils étaient le refuge de tous les solitaires, en mal de rencontre, ne fût-ce que le temps d'une danse. Le militaire y venait en goguette, la petite bonne y cherchait un amoureux, le retraité un peu de verdeur, le provencial l'air de Paris ,la dame d'âge mûr un gigolo , celui-ci une cliente, le représentant de commerce une heure à tuer entre deux rendez-vous , les commerçants un moment de détente après une semaine bien remplie , le fonctionnaire l'oubli des tracasseries de son chef de service . Tous , quand ils entraient au Bal de la Marine , à la Boule Rouge , au Tango , à La Coupole , au Balajo , à la Java , au Tahiti , au Bal Nègre , au Mikado et autres lieux , se débarrassaient durant une heure ou deux de leurs soucis.

Régine DEFORGES

Lili ou les thés dansants

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