Il s'avéra également impossible de débarrasser le cadavre de sa tenace odeur de poudre. On commença par le laver à trois reprises avec une lavette et du savon,puis on le frotta au sel et au vinaigre , ensuite avec du cendre et du citron et pour finir on le mit dans un tonneau plein de lessive où on le laissa tremper pendant six heures. On le frictionna tant et si bien que les les arabesques des tatouages commencèrent à se décolorer. Quand on en vint , en désespoir de cause , à imaginer de l'assaisonner avec du piment , du cumin et des feuilles de laurier , et de le faire bouillir toute une journée à feu doux , il avait déjà commencé à se décomposer et on dut l'enterrer précipitamment. On l'enferma hermétiquement dans un cercueil sur mesure de deux mètres trente de long sur un mètre dix de large , renforcé à l'intérieur par des plaques de fer et vissé à l'aide de boulons d'acier, et même ainsi ,on n'empêcha pas l'odeur de se répandre dans les rues qu'emprunta l'enterrement[....]On eut beau dans les mois qui suivirent , renforcer sa sépulture par plusieurs murs superposés entre lesquels furent jetés pêle-mêle de la cendre tassée , du son , et de la chaux vive ,le cimetière continua à sentir la poudre pendant nombre d'années encore jusqu'à ce que les ingénieurs de la compagnie bananière fissent recouvrir la tombe d'une carapace de béton."
Gabriel Garcia Màrquez
Cent ans de solitude
Gabriel Garcia Màrquez
Cent ans de solitude
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