Je me souviens d'un jour au jardin des roses. Je jouais assis par terre, j'avais six ans,peut-être sept. C'était l'aube de notre dernière année.Tu es sortie de la cuisine pour t'installer sous la véranda.
Je ne t'avais pas vue. Antoine était descendu vers la mer alors je profitais de son absence pour jouer à l'interdit. Je taillais les rosiers avec son sécateur bien trop grand pour ma main. Tu as abandonné la balancelle et tu as descendu les marches du perron pour me protéger d'une blessure à venir.
Quand j'ai entendu tes pas j'ai cru que tu allais crier,parce que j'avais trahi la confiance que tu me donnais bien volontiers, m'enlever l'outil comme on ôte une médaille à celui qui n'en est plus digne. Mais tu t'es assise près de moi et tu m'as regardé. Puis, tu as pris ma main dans la tienne pour la guider le long de la tige . De ta voix adoucie de sourires tu m'as dit qu'il faudrait toujours couper au dessus des yeux, au risque de blesser la rose,et un homme ne doit jamais blesser une rose, n'est-ce pas? Mais qui pense à ce qui blesse les hommes?
Marc Lévy
Vous revoir
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