Je demandai à mes parents qu'ils cessent de parler patois devant Marie; c'est peut-être dans ces moments où ils se mettaient à parler entre eux, tous à la fois, criant au plus fort pour se faire entendre, que la solitude de ma femme, au sourire figé, celui d'une sourde, me frappait le plus.
Mais je n'insistai pas beaucoup, je l'avoue; ma mère comprenait à peine le français, fallait-il l'exclure de la conversation pour que Marie se sentit moins perdue?
Raisonneur, tantôt sincère tantôt de mauvaise foi, j'essayai d'expliquer à Marie ce qui la heurtait, espérant le lui rendre un peu familier. Les portes ne ferment pas? Négligence certes,mais aussi la chaleur dessèche le bois, la pluie subite le regonfle. La nourriture trop épicée? Sans épices, avec ce climat, on ne mangerait plus. Je reconnaissais souvent, en moi-même qu'elle avait raison mais il m'était désagréable de l'avouer, j'aurais admis alors que jusqu'ici, j'avais vécu en sauvage
à suivre
Albert MEMMI
Agar
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