jeudi 18 mars 2010

La dernière odalisque




Le prince Fayçal Bey a fini par découvrir l'incroyable destin de Safiyé. Elle a dix ans quand elle échappe, en 1919, au massacre de toute sa famille et fuit les rudes montagnes du Caucase pour les splendeurs des palais d'Istanbul. Le déclin de l'Empire ottoman anéantit ses espérances. Princesse esclave, Safiyé est alors offerte à l'épouse du bey de Tunis. Ancienne odalisque elle-même, celle-ci la guide au sein des intrigues du sérail. Des années plus tard, Safiyé épouse, sans l'avoir jamais vu, un prince qui se révélera l'amour de sa vie. Après des années de bonheur et de drames, de luttes politiques et de complots, Safiyé sera une fois encore rattrapée par l'histoire et, en 1957, emprisonnée avec toute sa famille par Bourguiba
Autour du livre
C'est l'émir Fayçal-Bey qui parle et fait rire ainsi son auditoire serré, que ce soit le Tout-Tunis accouru à Dar Hamouda-Pacha, exquis palais récemment ouvert au public dans la Médina, au lycée Flaubert ou dans une librairie de quartier qui, les jours précédents, a écoulé six cents exemplaires de sa Dernière Odalisque. "Du jamais-vu en Tunisie !", s'enthousiasme le libraire. En France, le téléphone arabe a réussi cette année à faire vendre plus de 15 000 unités de ce "roman" qui est en fait une tranche d'histoire intime sur le dernier demi-siècle du régime beylical, vu par une odalisque caucasienne, belle-fille de Lamine Ier et grand-mère de l'auteur. La Turquie, l'Espagne, l'Allemagne, le Liban ont acquis les droits de traduction sur un livre qui ne montre pas toujours Bourguiba sous son meilleur jour - par exemple quand, en pyjama, peu après le renversement de la royauté, il reçoit l'odalisque venue réclamer la libération de son mari et, encoléré par cette demande, fracasse contre un mur sa radio en galalithe..
Les odalisques
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Des odalisques, c'est-à-dire des concubines serves dans la Tunisie du protectorat français (1881-1956) ? "Mais, oui, cher monsieur, la France laïque et égalitaire s'était engagée à respecter nos mœurs orientales et elle tint parole ! Notez aussi que l'esclavage avait été aboli dès 1846 du fait du bey Ahmed, par ailleurs premier souverain musulman régnant à visiter officiellement un Etat non musulman, en l'occurrence la France. Ma grand-mère, l'odalisque Safiyé, "la pure" en arabe, avait, c'est vrai, été toute petite, vers 1920, un cadeau de Stamboul à la famille beylicale. Il ne pouvait être question de refuser un don venant de chez le pape des mahométans, au nom duquel la prière fut dite dans toutes les mosquées de Tunisie, sous le protectorat français, jusqu'au renversement du califat par Atatürk en 1924...", raconte Fayçal-Bey en nous guidant à travers le dédale de l'ancien harem beylical du Bardo..
source: harissa.com
Mon humble avis:
un très beau roman,une fresque d'une partie de l'histoire de mon pays, des personnages intensement humains et attachants, un conte digne des mille et une nuits,une très grande sensibilité d'écriture.

lundi 8 mars 2010

Femmes de Tunisie

"A Carthage, lors de séjours précédents, j'avais rencontré plusieurs personnes qui évoquaient facilement ces deux héroïnes[Ellissa-Didon et la femme d'Hasdrubal] de lumière et de ténèbre.
Elles en parlaient presque comme elles auraient parlé de Sharon Stone ou de Hilary Clinton.
Elles restaient dans leurs bouches étonnamment fraîches et belles.Certains affirmaient qu'elles avaient toutes les deux inspiré une autre indomptable:la Kahina,cette princesse berbère, la reine des Aurès, la Prophétesse. Une Berbère juive, dit Ibn Khaldoun, une chrétienne selon d'autres, qui lutta jusqu'à la mort contre les envahisseurs arabes venus d'Egypte.D'autres, qui avaient remonté avec moi le labyrinthe de l'histoire en suivant ces femmes, prétendaient qu'elles menaient directement à Bourguiba, ce premier président qui avait promptement dévoilé la femme tunisienne, sans s'occuper des bigots, après l'indépendance en 1956"